Avec les ateliers ViceVersa mis en place en début d’année au Collège des traducteurs d’Arles (CITL), ATLAS a souhaité donner aux traducteurs professionnels l’occasion de rencontrer leurs collègues, dont certains traduisent depuis la même langue et d’autres dans une réciprocité linguistique, et de prendre un temps pour partager concrètement leurs approches et leurs expériences. Entre le 23 janvier et le 11 février, trois langues ont inauguré ce nouveau rendez-vous pour traducteurs expérimentés : l’anglais, l’espagnol et l’allemand. Chacun pouvait y apporter un travail en cours. Résumé des impressions recueillies.
Si à première vue il n’est pas aisé pour un traducteur de dégager une semaine dans son activité, les premiers participants ont été unanimes sur ce point : un atelier ViceVersa fait gagner énormément de temps dans sa pratique, c’est un accélérateur. Car ce sont douze regards exercés qui travaillent ensemble. Dix participants donc, accompagnés de deux coordonnateurs, traduisant du ou vers le français, composaient les groupes de ces trois premiers ateliers de la saison, selon un modèle inventé et éprouvé depuis de longues années par des traducteurs allemands, et déjà mis en œuvre par ATLAS en collaboration avec le Literarisches Colloquium de Berlin (LCB) et le Collège de traducteurs de Looren (Suisse) depuis 2010. Chacun disposait d’environ une demi-journée pour présenter quelques pages d’une traduction en cours (ni publiée, ni en phase de révision), et pour partager avec ses collègues les difficultés du texte et réfléchir aux solutions pour les résoudre.
Ouverts à différents genres littéraires (philosophie, poésie, théâtre, BD, roman ou encore catalogue d’exposition) offrant un ensemble de problématiques de traduction variées, ces ateliers ont permis aux participants d’élargir leur horizon, de repartir avec de nouveaux outils et, pour certains, d’envisager à l’avenir d’autres registres de traduction.
Au delà du seul contexte bilingue dans lequel étaient plongés les participants, il est apparu que la diversité linguistique au sein d’une langue à première vue commune s’est avérée très riche. Comme en témoigne Lakshmi Ramakrishnan Iyer, participante à l’atelier anglais-français : « La présence de stagiaires pratiquant deux des principales variétés d’anglais – américain et britannique – était intéressante et utile, pour nous comme pour les francophones. Cela a donné lieu à des “confrontations” amicales. Car, comme l’indique le titre d’un blog fort bien nommé, nous sommes “separated by a common language”. » Une expérience de la diversité plus poussée encore pour l’atelier espagnol/français, rapportée par Eduardo Berti et Marianne Million, les traducteurs coordonnateurs : « deux participantes étaient argentines, une vénézuélienne, un mexicain et trois espagnoles, ce qui a permis à tous de réfléchir aux différentes formes de l’espagnol et d’avoir des discussions très riches, par exemple sur ce que l’on entend exactement par “Amérique”, selon que l’on est espagnol ou mexicain. »
Convivialité, bienveillance, partage et transversalité ont été les maîtres mots employés pour dépeindre ces trois premiers ateliers. Le prochain, français-italien, coproduit avec le Collège de traducteurs de Looren, aura lieu du 14 au 21 mars à la Villa Garbald de Castasegna, en Suisse.
Paroles de traducteurs…
ViceVersa anglais/français • 23-28/01/2017
Cécile Dutheil de la Rochère : Ce type de rencontres permet de nourrir et de vivifier ses ressources, relativiser les difficultés auxquelles chacun, et pas seulement soi, est confronté. Comme j’ai longtemps été et suis encore éditrice, j’ai pris la mesure de l’« engagement » du traducteur en tant qu’auteur de parti-pris, d’options, autant de « décisions » dont l’éditeur n’est pas toujours conscient : il pense au lecteur et à la fluidité, même pour des textes originaux ardus, ça peut être une erreur. Cela dit, le débat se poursuivra tant que la traduction fleurira.
Lakshmi Ramakrishnan Iyer : Au détour des travaux pratiques, nous nous sommes embarqués dans de passionnantes discussions collégiales : théorie de la traduction, techniques de travail, matériel de référence… Chacun a partagé ses tuyaux, ses méthodes, ses conseils de lecture ; nous sommes tous repartis avec un bagage de connaissances considérablement enrichi.
Quant à la résidence, elle nous a permis de poursuivre nos échanges de manière informelle. J’ai beaucoup aimé cette semaine de vie en “coloc” avec des personnes qui partagent ma passion pour les langues et la traduction. Notre métier est solitaire, et ce genre d’expérience nous donne vraiment la possibilité de nous ressourcer.
ViceVersa espagnol/français • 30/01 – 04/02/2017
Mariella Aïta : Estos talleres constituyen una gran iniciativa para cooperar con la formación de los traductores literarios. Una buena formación es muy necesaria para hacer buenas traducciones y poder difundir obras de lengua francesa en lengua castellana. El balance de la particpación es muy positivo y espero que la experiencia siga para que otros traductores puedan realizarla.
Laura Folica : El taller ViceVersa fue como jugar partidas simultáneas de ajedrez. Durante una semana fuimos once personas en la piel de un jugador frente a nueve tableros en curso de traducción; once personas que nos deteníamos en las posibilidades de cada movimiento de escritura antes de mover una pieza.
Eduardo Berti : Un cercle s’est vraiment formé entre nous. L’atelier ViceVersa est plus proche du format d’un atelier d’écriture.
Julia Azaretto : On pratique une clinique d’écriture. Tu arrives avec des idées a priori que tu confrontes aux autres. Et puis, on a eu la chance d’avoir des projets très différents et donc des problématiques différentes qui élargissent ta palette d’outils. On n’est pas là pour trouver la solution. On pose les problèmes.
Silvia Moreno Parrado : On pose des questions, on trouve ou on ne trouve pas la solution, en tout cas, j’emporte avec moi un kaléidoscope de travail, des outils.
Delphine Valentin : C’est un véritable luxe de passer une semaine à chipoter, à réapprendre à traduire, en dehors des délais habituels…
ViceVersa allemand/français • 06-11/02/2017
Marina Skalova – Bribes rêvées
ne pas beaucoup dormir Pénélope s’ennuie François travaille la traduction de Till Bardoux parle de François Fillon quand le chimpanzé monte sur l’arbre ses fesses doivent être propres il y a une différence entre le décalage poétique et l’erreur de français mais on ne sait pas où tracer la limite je vivais dans mes nuages, ce n’est ni mon nuage, ni les nuages traduire des textes de théâtre ce n’est pas comme la traduction littéraire, dit Michael est-ce qu’on dit plutôt vagabond ou zonard c’est différent, mais pas tant que ça, dit Claudia conter fleurette c’est comme montrer sa collection de timbres à quelqu’un mais est-ce qu’on peut montrer autre chose quand on arrive dans un nouveau pays la langue change dans jérémiades, il y a Jérémy, dans rhagnagniades, il y a la menstruation il y a ceux qui se sentent chez eux dans une langue deux langues zéro langues mandaler, ça ne se dit pas mais ça s’écrit j’étais contente de passer du temps avec tous ces traducteurs ils sont plus sympas que les éditeurs chez Dragica Rajcic on dirait qu’un enfant a écrit très vite par nécessité est-ce que chez Marie N’Diaye il y a de la nécessité traduire c’est perdre et gagner quand est-ce que l’original perd quand est-ce que la traduction gagne en allemand il y a la langue littéraire et la langue vulgaire en français chez Virginie Despentes l’oralité c’est comme un mille-feuilles avec beaucoup de couches on peut aussi traduire les jeux de cartes par contre, on ne peut pas écrire le RER à la place du S-Bahn