june, 2021
Event Details
L.E.I.L.A – « Arabic Literatures in European Languages » – PROJET EUROPÉEN 2021 > 2023 “10 traducteurs de l’arabe venus d’Europe en résidence au CITL” • Session 1 Du lundi
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L.E.I.L.A – « Arabic Literatures in European Languages » – PROJET EUROPÉEN 2021 > 2023
“10 traducteurs de l’arabe venus d’Europe en résidence au CITL” • Session 1
Du lundi 14 au samedi 19 juin 2021 • CITL d’Arles
Inscrit dans la première phase de développement du projet européen LEILA, cet atelier donne lieu à des “États généraux” de la traduction depuis l’arabe vers les différentes langues européennes et réunit lors d’une résidence de travail d’une semaine au CITL 10 traducteur·ice·s qui définiront ensemble les modalités d’un travail collaboratif en vue de la création d’échantillons multilingues de traduction de titres non encore traduits. Ces traductions seront ensuite présentées dans le catalogue “New Books in Arabic”, mis en place dans la deuxième année du projet LEILA.
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Le projet L.E.I.L.A – « Arabic Literatures in European Languages » est un projet initié par l’IReMMO – Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, en réponse à un appel à projets de coopération européenne lancée par la commission européenne. Ce projet européen mobilise différents acteurs arabes et européens engagés dans le monde du livre dans un programme d’actions réparties sur 3 ans : l’association ATLAS en France, Bozar – Palais des Beaux Arts à Bruxelles, la maison d’édition tunisienne Elyzad, la plateforme Literature Across Frontiers, l’association allemande de professionnels du livre Litprom.
« La langue de l’Europe, c’est la traduction » (Umberto Eco)
LEILA est l’acronyme inversé de « Arabic Literatures in European Languages ». Dans cet acronyme inversé se reflète le sens de lecture de la langue arabe, qui se lit de droite à gauche. Le réseau de partenaires du projet LEILA s’est constitué autour d’une vision et d’une motivation communes concernant l’enjeu que représentent la traduction et la circulation, en Europe, de la création littéraire contemporaine de langue arabe. La traduction, à travers les « équivalences » qu’elle propose, à travers la circulation des identités narratives, représente un vecteur essentiel de la diversité culturelle, elle est ce qui permet la projection, ou l’intuition, du « soi-même comme un autre » (Paul Ricoeur). Or, jamais le contexte n’est apparu aussi mûr pour que se mette en oeuvre un rééquilibrage de la vision et de la compréhension que nous avons, citoyens européens, de « l’autre » que représentent pour nous les citoyens de la région arabophone.
Le mouvement créé depuis 2011 par les « printemps arabes » s’est traduit à la fois par une effervescence des expressions et des contenus produits par les scènes créatives de la région arabophone, et par le niveau extraordinaire de ces productions en termes d’innovation et de teneur révolutionnaire. Il nous a soudain conduits à « re-voir l’autre », à changer l’image, à secouer les clichés qui nous servaient de cadre référentiel.
« Écouter le monde arabe », sortir du paradigme de « l’invisibilité cognitive des espaces arabes » (Yassin El Haj Saleh), exige d’initier une réflexion sur la place des « identités narratives arabes » dans les flux de circulation des identités narratives en Europe. Parlée par plus de cinq cent millions de locuteurs à travers le monde, première langue parlée par les populations les plus récemment arrivées en Europe, la langue arabe reste, dans le champ des échanges de traduction, une « langue rare ». Ainsi, même à un moment où l’intérêt des publics européens pour les productions des scènes créatives de la région arabophone s’est profondément renforcé, et où, dans des disciplines comme les arts visuels ou la musique, certaines formations et certains artistes arabes deviennent aujourd’hui mainstream en Europe, les « nouvelles voix » du monde arabe dans le champ de la création littéraire, pourtant multiples, diverses et avant-gardistes, n’y trouvent encore qu’un faible écho.
L’accès à « l’autre » à travers la traduction est seul à même de nous orienter vers une égalité des rapports, dont l’horizon n’est pas un simple objectif de rééquilibrage, mais aussi une possibilité de nous réinventer, à un moment où les sociétés civiles et les scènes créatives européennes étaient peut-être à court de nouvelles inspirations pour délégitimer les discours construits sur l’intimidation de l’insécurité.
Favoriser la « découvrabilité », en Europe, des productions éditoriales de langue arabe, laisser se tisser un entrecroisement des identités narratives et des récits européens et arabes, initier une réflexion sur la place de la langue arabe dans le multilinguisme européen, pourrait ainsi contribuer à la fabrique d’une société européenne plus équilibrée.
L’hypothèse simple sur laquelle repose le projet LEILA est que les différentes catégories d’acteurs, très hétérogènes, que représente le champ des échanges de traduction entre l’Europe et le monde arabe, ne peuvent susciter un impact que de façon marginale, ou du moins fragmentaire, sur les tendances observées sur le marché européen du « livre arabe traduit ». En effet, les questions liées à la pauvreté des flux de traduction de la production éditoriale de langue arabe vers les langues européennes sont débattues depuis plusieurs décennies dans différentes enceintes (unions d’éditeur·rice·s, rencontres professionnelles bi- ou multilatérales, institutions de la coopération euro-méditerranéenne, entrepreneurs culturels et organisations de la société civile en Europe et dans le monde arabe), sans qu’aucune structure ne soit en mesure de faire émerger des réponses opérationnelles.
Dans ce contexte, le projet LEILA se propose de mobiliser les différentes catégories d’acteurs arabes et européens porteurs d’une expertise sur la création littéraire contemporaine de langue arabe, ou oeuvrant à sa promotion dans le champ européen (institutions culturelles et éditeur·rice·s spécialisés, traducteur·rice·s, universitaires, critiques littéraires, initiatives de la société civile), pour créer un « effet de levier » à travers la mutualisation des compétences, et la mutualisation des ressources bibliographiques et outils d’évaluation critique existants. Le travail collaboratif permettra à la fois de fixer et d’atteindre des objectifs concrets pour favoriser le développement de l’intraduction (traduction de l’arabe vers les langues européennes), de provoquer le développement de synergies entre acteurs pour dynamiser l’ensemble de la chaîne du « livre arabe traduit », mais aussi d’esquisser des propositions concrètes pour former la base d’un plaidoyer pour des politiques publiques de soutien au secteur de la traduction.
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Time
14 (Monday) 09:00 - 19 (Saturday) 17:00
Location
Collège international des traducteurs littéraires
Espace Van Gogh - 13200 Arles
Organizer
L'École normale supérieure (Département LILA) - Université Paris-Sciences-et-Lettres (PSL) / ATLAS